mardi 18 janvier 2011

You may say, I'm a dreamer...

Je suppose que toute personne portant un semblant d'intérêt au milieu de la mode associe forcément une mannequin à une marque ; ou parce que la connexion est inévitable vu la relation florissante qu'il existe entre la mannequin et la maison en question, ou parce que la mannequin semble correspondre et personnifier parfaitement l'image que vous accolez à cette maison. Il se trouve que depuis que Maria Grazia Chiuri and Pier Paolo Piccioli ont pris la relève à la tête de Valentino et qu'ils ont éloigné la marque de l'idée de femme fatale à laquelle elle était désespérément limitée, je rêve d'une collaboration plus poussée entre cette dernière et Iselin. 


Printemps-Été 2010

Cela peut sembler à priori surprenant étant donné que la définition de la femme Valentino que les créateurs ont mis en place à travers leurs vêtements semble renvoyer à l'image d'une jeune fille à peine sorti de ses années d'épanouissement, s'étant enveloppée de tulles aériens aux couleurs pastels de la manière la plus désinvolte possible... Et bien qu'Iselin ne soit visiblement pas une personne forcée et entretenant une haute opinion d'elle-même, elle représente moins cette jeunesse pubescente qu'une maturité assumée et imposante. Cependant - et peut-être cela est-il dû au fait que Freja est l'égérie de Valentino depuis deux saisons alors que de toute évidence on aurait plus tendance à l'associer à Rick Owens qu'à cette maison de vêtements - la physionomie pleine de caractère, et parfois pleine de dureté d'Iselin me semble en parfait accord avec les designs de Chiuri et Piccioli. En effet, tandis que lorsque de jolies, juste jolies, filles à l'instar de Frida Gustavsson ou Julia Saner posent le pied sur le podium vêtue de leurs créations, je ne peux m'empêcher d'être totalement horripilée par l'aspect rosé, les coupes légères et fillettes, l'amas de tulles et de dentelles qui foisonnent à présent chez Valentino ; les vêtements m'apparaissent comme terriblement niais et non crédibles. Au contraire, lorsque des mannequins dont la personnalité forte déteint sur les tenues avancent avec détermination et théâtralité sur le podium, je suis moins choquée et distraite par la frivolité évidente des vêtements et arrive à discerner en eux des pièces créées pour des femmes et non pas pour des Barbies, au sens propre du terme.


Automne-Hiver 2010

De plus, si vous regardez ne serait-ce qu'évasivement tous les défilés Valentino depuis que le duo a pris les commandes (enfin, sauf leur première collection qui semblait avoir été créée par Valentino lui-même de manière officieuse), ceux-ci sont souvent empreints d'une atmosphère dramatique et quelque peu lyrique. Selon moi il apparaît comme évident que les créateurs cherchent non seulement à inculquer une certaine profondeur à leur créations mais également à briser les clichés selon lesquelles les femmes fatales portent des robes longues de satin, les fillettes s'habillent de couleurs pâles et de dentelles, les garçons manqués portent du cuir et du noir etc. L'impression que leur univers créatif est bien plus paradoxale. Il ne s'agit ici que d'une idée personnelle, mais à travers leur travail semble selon moi transpercer leur envie de créer des vêtements qui s'adapte et sont définis par la femme qui les porte - qu'importe la catégorie de femme dans laquelle on la range. Valentino était selon moi bien trop limité et rébarbatif, pour de pas dire prévisible et seulement doué à enrouler des tissus autour du corps des femmes sans chercher à leur conférer un sens, un histoire et une portée. Au contraire, j'apprécie énormément la valeur antagoniste des vêtements de Chiuri et Piccioli et la volonté de ceux-ci de renverser les codes vestimentaires. 

D'ailleurs j'ai un faible immense pour les deux dernières campagnes de la marque, photographiées dans les locaux originaux Valentino situés sur la Place Vendôme. Ici également je ressens une véritable opposition entre la simplicité de la photographie et le caractère mythique, mystique, chargé de passé du site.

Automne-Hiver 2010 - Printemps-Été 2011

Et juste pour continuer à archiver le travail d'Iselin et par la même occasion établir une petite comparaison entre l'inclinaison esthétique de Valentino de nos jours et celle à l'époque où le créateur éponyme tenait encore les rênes de sa maison :

Printemps-Été 2006

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Iselin pour la campagne Printemps-Eté 2007 par Mert & Marcus - le reste ICI

Il est indéniable que la marque a évolué - et en voyant ces clichés ci-dessus, j'aurais presque envie de m'exclamer Merci mon Dieu! Cette campagne Valentino, l'unique qu'Iselin n'ait jamais décroché, doit être mon ultime bête noire parmi tout le travail photographique qu'elle a fourni depuis le début de sa carrière. Elle a beau être ma mannequin favorite, cela ne me rend pas pour autant aveugle - au contraire je peux même être d'autant plus critique, car connaissant ses capacités je n'aime pas à les voire réduites voire même totalement annulées à cause des mauvaises directions artistiques que prennent les photographes, stylistes, ou créateurs autour d'elle. Dans tous les cas, il est maintenant temps de faire appel à la loyauté de David Sims vis-à-vis d'Iselin : Mrs. Sims, évincez Julia, gardez Caroline si vous le souhaitez, mais s'il vous plaît, s'il vous plaît, faites-moi le plaisir d'unir Freja et Iselin au sein d'une même campagne Valentino. Amen.

sources : vogue.it ; fashionmag.fr ; valentino.com ; styleregistry @ livejournal

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